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CÔTE D’IVOIRE : LE MAPOUKA, ORIGINE ET SIGNIFICATION

CÔTE D’IVOIRE : LE MAPOUKA, ORIGINE ET SIGNIFICATION

Le Mapouka a ses jeunes racines profondément ancrées dans le sable fin blanc de 𝗡𝗶𝗴𝘂𝗶-𝗦𝗮𝗳𝗳. Ce petit village Ahizi d’à peine 3000 habitants, fait fièrement face à la lagune Ebrié et à la ville de Jacqueville, son chef-lieu de département. C’est dans cette petite bourgade située à 70 km d’Abidjan sur la côtière d’abord, puis 10 km de piste ensuite, que naît le Mapouka.

Le mot 𝗠𝗮𝗽𝗼𝘂𝗸𝗮 est la contraction de « 𝗠𝗮𝗽𝗼𝘂𝗸𝗮-𝘁𝗲́ » qui signifie en langue Ahizi « 𝗰𝗼𝘂𝘃𝗿𝗶𝗿, 𝗺𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗲𝗻 𝘀𝗲́𝗰𝘂𝗿𝗶𝘁𝗲́ ».
« 𝘌𝘯 𝘦𝘧𝘧𝘦𝘵, 𝘪𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘦𝘪𝘭𝘭𝘦́ 𝘥’𝘦𝘮𝘣𝘭𝘦́𝘦 𝘢𝘶𝘹 𝘢𝘮𝘢𝘵𝘦𝘶𝘳𝘴 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴𝘦 𝘥𝘦 𝘳𝘦́𝘨𝘭𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘧𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘶𝘳𝘢𝘯𝘵𝘦𝘴 𝘥𝘶 𝘧𝘰𝘺𝘦𝘳 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘴’𝘢𝘷𝘦𝘯𝘵𝘶𝘳𝘦𝘳 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥𝘦 𝘱𝘭𝘢𝘤𝘦, 𝘴𝘪𝘯𝘰𝘯, 𝘰𝘯 𝘦𝘴𝘵 𝘦𝘮𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦́ 𝘱𝘢𝘳 𝘤𝘦 𝘳𝘺𝘵𝘩𝘮𝘦 𝘦𝘯𝘷𝘰𝘶̂𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘢𝘶 𝘱𝘰𝘪𝘯𝘵 𝘲𝘶’𝘰𝘯 𝘯𝘦 𝘱𝘦𝘯𝘴𝘦 𝘢̀ 𝘳𝘪𝘦𝘯 𝘥’𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦 𝘲𝘶’𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘥𝘢𝘯𝘴𝘦 », explique le 𝐃𝐫 𝐏𝐢𝐭𝐭𝐞́ 𝐀𝐥𝐛𝐞𝐫𝐭, fils de Nigui-Saff et promoteur du groupe Nigui-Saff K. Dance.

Le Mapouka dérive d’un rythme importé de Grand-Lahou « 𝐀𝐡𝐨𝐮𝐬𝐬𝐢 » en 1988. Le Mapouka se tenait au cours de certains cérémonies en zone rurale, ou les femmes en mal avec leurs époux, dans leurs plus belles parures, un pagne bien noué au niveau de la ceinture, descendaient dans le cercle avec la détermination de reconquérir leur place auprès de ces derniers. La partie supérieure du corps incliné à 50 -60°, toute la partie inférieure vibrait au rythme très synchronisé et syncopé des tamtams et animations vocales. Puis le Mapouka a quitté les zones rurales pour gagner les centres urbains où il a connu moult variances, pour devenir chez certains praticiens une danse très osée.

Monsieur Avié Emmanuel (gendarme de profession et fils de Nigui-Saff) décide de transformer la chorégraphie de l’Ahoussi en 1988. Pour ce faire, il immobilisera les hanches de sa jeune fille et lui demande de ne faire bouger que les muscles fessiers. Le résultat de cette expérience lui agrée et tout le village s’emploie alors à danser de la même façon. Très vite, des groupes de jeunes vont se constituer à Nigui-Saff. Sur la base rythmique de 2 tambours, de castagnettes, de cloches, vont se construire des mélodies chantées sur les thèmes de la vie quotidienne, de l’incitation au travail, de l’humilité, etc.

Ainsi, naît le groupe « 𝐀𝐦𝐛𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐟𝐚𝐜𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐮𝐢-𝐒𝐚𝐟𝐟 » qui sera de toutes les cérémonies de réjouissance tant à Jacqueville qu’à Bouaké et à Grand-Bassam. Jusqu’à la fin de l’année 1997, les ambitions de ce groupe de Mapouka se limitent à ce genre d’animation. Mais la même année, un autre groupe de Mapouka « génération mot à mot » du village de Tiami, met sur le marché une cassette avec six morceaux « piqués » à Nigui-Saff.

Se sentant grugés et piqués dans leur amour propre, les fondateurs du Mapouka sous la houlette du Dr Pitté Albert prennent des contacts en vue de l’enregistrement et la promotion du Mapouka originel.

En février 1998, l’œuvre est sur le marché. « 𝐀𝐦𝐛𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐟𝐚𝐜𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐮𝐢-𝐒𝐚𝐟𝐟 » devient alors « 𝐍𝐢𝐠𝐮𝐢-𝐒𝐚𝐟𝐟 𝐊. 𝐃𝐚𝐧𝐜𝐞 ». Soutenu par tout un village, par toute une communauté, le groupe est invité à diverses manifestations dont le clou est incontestablement la sélection aux phases finales des Kora 99 en Afrique du sud.

Ce sont donc 16 artistes, dont 3 fillettes et 2 garçons âgées de 7 à 10 ans qui feront découvrir, le 4 septembre prochain à près de 300 millions de téléspectateurs du monde entier, le Mapouka de Nigui-Saff, cet autre par notre riche patrimoine culturel. Et comme le dit avec conviction le Dr Pitté Albert « toute action bâtie sur le socle du traditionnel, est comme du roc et ne peut que connaître un grand destin ».

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